Accident du travail et maladies professionnelles, où sont les femmes ?
La neutralité de genre dans la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles a pour effet pervers de moins voire de ne pas prendre en compte les spécificités physiques et psychiques des femmes.
Actuellement sont menées des politiques de prévention et de réparation des risques professionnels pensés pour des travailleurs masculins et des risques liés aux métiers masculins.
C’est le constat d’un rapport d’information réalisée par cinq sénatrices qui au terme d’auditions d’expertes et d’experts ont été selon leurs termes frappées par la récurrence des termes témoignant d’une méconnaissance voir d’un déni face aux atteintes à la santé des femmes dans le monde du travail.https://www.senat.fr/rap/r22-780-1/r22-780-1-syn.pdf
Elles ont constaté un déficit persistant d’approche de genre en matière de santé au travail qui a pour conséquence l’insuffisance de la prévention en faveur de la santé des femmes au travail.
Les sénatrices ont pu constater que les statistiques sont incomplètes sur les conditions de travail des femmes, un manque de recherche sur les secteurs à prédominance féminine comme le secteur du nettoyage ou celui de la santé.
Il en découle une sous-reconnaissance et une sous-déclaration des maladies professionnelles comme par exemple les troubles musculosquelettiques.
Il apparaît également que les postes de travail et les équipements sont basés sur les mesures d’un homme moyen ce qui oblige les femmes à travailler sur des postes de travails qui ne sont pas adaptés à leur gabarit ou à utiliser des équipements de protection individuelle qui ne sont pas leur taille.
Cela entraîne des problèmes de santé supplémentaires
De même les politiques publiques de prévention de réparation des risques professionnels sont réalisées avec un biais lié à la croyance que le travail pénible est masculin lié à des efforts physiques importants et que la pénibilité féminine serait moins dangereuse. À titre d’exemple seulement 23 % des personnes concernées par le compte personnel de prévention sont des femmes.
Les risques professionnels chez les femmes sont sous-estimés et méconnus.
Il ressort pourtant de ce rapport que les femmes sont davantage touchées par des cancers, des troubles musculosquelettiques, des risques psychosociaux, des violences sexuelles et sexistes
La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes a exigé des entreprises des indicateurs sexués de santé et sécurité au travail, mais elle est très peu appliquée.
En conclusion, il y a urgence à penser la santé au travail au féminin et a changer les mentalités
Cela ne constitue en aucun cas une discrimination mais une égalité réelle génératrice de bien être pour les salariées et d’économies pour notre système de santé.